Mon jardin suspendu à tes lèvres...

Mon jardin délicat, à tes lèvres suspendu
A du sable de mica, aux allées répandu
Que tes pas s’y impriment, comme les enluminures
Au chemin parchemin, que nos amours perdurent.
Ma Jolie, viens !

J’arrache les orties, aux jalousies piquantes
Mon mûrier capture, les pensées inquiétantes
Dans ce buisson d’épines, s’avancent les merles noirs
Qui emportent au bec, les mots dénués d’espoir.
Ma Jolie, viens !

Habitudes grimpantes, qui s’enroulent, s’enroulent
Aux colonnes d’orgueil, qui s’écroulent, s’écroulent
Faites place ! – Cornez buccins des roses trémières -
Place aux désirs pastel, aux ivresses d’outremer !
Ma Jolie, viens !

Les tulipes au cœur pourpre, que les émois habitent
Élancées sur leurs tiges, très doucement palpitent
Avec toi, mon jardin pourra toujours grandir
Dis moi la belle, comment, tu le veux enrichir ?
Ma Jolie, viens !

Sens comme les feuilles vertes, aux tiges des Amantes
Infusent dans l’air mutin, des senteurs excitantes
Vois ces hauts lys dressés, aux corolles ouvertes
Dont les liqueurs suaves, aux unions sont offertes
Ma Jolie, viens !

Vois la pomme rougie, au rameau qui s’incline,
Cueille, ma jolie j’aime, le rose à ta peau fine
Croque ma jolie, goûte, ce n’est plus défendu
J’ai chassé le serpent : va t’en ! Ne reviens plus !
Ma Jolie, viens !

La fontaine arpège ses cordes de cristal
Que frôlent des libellules, aux reflets de métal
Et comme sur la harpe, les mains de l’artiste,
Elles griffent une aubade, pour celle qui est triste.
Ma Jolie, viens !

Un bleu zéphyr soyeux, aux langueurs orientales
A mis l’abricotier, le cyprès, le santal
Des flambées de safran, d’anis, de gingembre
Se mêlent aux fragrances des résines et de l’ambre
Ma Jolie, viens !

La vigne fait tonnelle et ses grains de beauté
Sucrés, et charpentés, dès la fin de l’été
Dans le cuveau de pierre, se feront devin
D’un avenir pimpant au creux du taste-vin.
Ma Jolie, viens !

Joël LEPLAT (tous droits réservés)