PÉROU 2007
Août
2007: 21 jours.
Cuzco : le nombril de l'empire Inca,
Lac Titicaca,
Canyon de Colca,
Arequipa la blanche,
Cordillère Huayhuash : tour complet.
Programme,
Impressions,
Diaporama,
Portraits
(NB : Laisser la page se charger entièrement avant de cliquer
sur musique)
Programme
succinct.
Jour 01 : Mardi 31 juillet. THIERS – LYON -
LIMA.
Vols réguliers
LYON – MADRID et MADRID - LIMA.
Départ très, très tôt de THIERS, arrivée en soirée à LIMA, transfert en
ville et installation à l'hôtel.
Pas de petit déjeuner, il sera pris dans l’avion qui nous emmènera à CUZCO.
Jour 02 :
Mercredi 01 août. Vol très matinal pour CUZCO.
CUZCO : Jour de la Mère Terre (PACHA MAMA) pour tout le département.
Rite ancestral des andins : la Mère Terre occupe une place très importante,
on doit lui rendre hommage et lui payer son tribut. La cérémonie commence
dans la nuit du 31 juillet au 01 août et dure 2 jours.
Le rituel implique réciprocité : tandis que l'on vénère la divinité, elle
doit aussi accorder grâce à ses croyants.
Nuit et petit déjeuner à l’hôtel, inclus.
Jour 03 : Jeudi
02 août. Vallée sacrée, PISAC, OLLANTAYTAMBO.
Transferts en bus privé. Guide francophone.
Visite de l’ancienne cité Inca de PISAC, puis de la cité actuelle de son
marché paysan et de son marché artisanal.
En route pour OLLANTAYTAMBO.
Le village, construit sur les soubassements traditionnels Incas, offre un
des meilleurs
exemples de l'urbanisme Inca.
Il est divisé en CANCHAS, des pâtés de maisons dotés chacun d'une cour par
laquelle on accédait aux maisons.
A l'ouest, les immenses terrasses surmontées d'un temple dessinent la
silhouette d'un lama, le temple étant la tête.
Les travaux de construction, en cours à l'arrivée des espagnols ne furent
pas achevés. Les blocs de roche viennent d'une carrière située à 6 km sur
l'autre rive de l'URUBAMBA. L'ouvrage nécessita le travail de milliers
d'ouvriers incas (MITAS). La traversée du torrent fut réalisée en déposant
les blocs sur une rive puis en détournant le RIO de l'autre côté des blocs.
Nuit et petit déjeuner à l’hôtel, inclus.
Jour 04 :
Vendredi 03 août. CUZCO – JULIACA – PUNO (Train ou bus).
Petit-déjeuner, puis en route.
Après être sorti de la cuvette de CUZCO, (3350m) , nous parcourons la
verdoyante vallée du Rio VILCANOTA avec ses petits villages aux maisons
typiques construites en briques séchées au soleil et dont le toit est
recouvert d’ardoises. Puis nous parcourons l’altiplano dominé par la
cordillère des Andes avec ses sommets enneigés, pour atteindre la Raya Pas,
située à une altitude de 4319m.
Arrivée à PUNO, la “capitale des traditions” du Pérou, située au bord de
l’impressionnant lac de TITICACA à la couleur turquoise. Nuit à l´hôtel et
petit déjeuner inclus.
Jour 05 : Samedi
04 août. PUNO – TAQUILE – PUNO.
PUNO est située à une altitude de 3856 m, sur les rives du LAC TITICACA, le
plus haut lac navigable du monde, le berceau mythique du royaume des Incas.
Cette région du Pérou est célèbre pour la variété et les couleurs de son
folklore, sans doute le plus riche et le plus fascinant de cette partie du
continent
Aujourd'hui PUNO, capitale du département du même nom, est une zone
d'agriculture et d'élevage importante, principalement de camélidés sud
américains comme le lama ou l'alpaca qui paissent surs les immenses plateaux
et pampas.
Nous commençons par une excursion aux îles flottantes en roseau des indiens
UROS. Les descendants métissés UROS, Aymaras et Quechuas perpétuent la
tradition : ils pêchent, chassent et vivent de ce qui pousse sur le lac
TITICACA, en particulier de ces roseaux dont ils fabriquent leurs maisons,
leurs bateaux “les balsas de TOTORAS” et leurs îles flottantes.
Nous continuons vers TAQUILLE. Apres environ 1 heure de bateau nous joignons
l’île des tisserands, où 350 familles vivent encore selon des traditions
identiques à celles du XIVe siècle. La vie économique y est déterminée par
le principe de la communauté : les fruits du travail sont répartis en
fonction des besoins de chacun. Ils n’ont pas changé leur façon de vivre… Et
autour de l’île, toujours le bleu éclatant du lac TITICACA... Déjeuner libre
dans l’un des restaurants typiques de l’île. Puis retour vers PUNO. Nuit à
l´hôtel et petit déjeuner inclus.
Jour 06 :
Dimanche 05 août. PUNO – JULIACA - CRUZ DEL CONDOR - CHIVAY (minibus privé)
Petit déjeuner et départ de PUNO très tôt Pendant notre montée vers JULIACA
la pampa fertile fait place aux montagnes désolées.
Nous visitons les chullpas ou tours funéraires de SILLUSTANI. Ces tours
cylindriques aux portes qui s’ouvrent du côté soleil levant dominent le lac
UMAYO. Elles datent d’une civilisation pré inca du XIIIe siècle.
Au retour de SILLUSTANI, nous ferons une halte auprès de l’une des fermes
paysannes traditionnelles.
En cours de route nous passons au dessus des lagunes LAGUNILLAS et SARACOCHA
Nous grimpons jusqu’à 4693 mètres d’altitude (ABRA TIROJA PAS) avant de
quitter la route d’AREQUIPA pour prendre celle de CHIVAY. Passage du col de
PATAPAMPA 4800 m.
(Boîte déjeuner et fruits pour midi car il n y´a pas restaurant en route).
Nuit à l´hôtel et petit déjeuner inclus.
Jour 07 : Lundi
06 août CHIVAY - Canyon de COLCA – AREQUIPA.
CHIVAY, le village le plus important de la vallée, à environ trois heures de
route d’AREQUIPA a été créé au 16ème siècle sur ordre du Vice-roi Toledo
pour héberger les descendants des COLLADUAS (d’origine AYMARA) et des
CABANAS (d’origine QUECHUA). Les habitants ont su garder intactes beaucoup
de leurs us et coutumes, comme les cultures en terrasses, et leurs
traditions, qui s’expriment dans les fêtes aux costumes bigarrés.
En minibus privé nous prendrons la route du canyon de COLCA, deuxième canyon
le plus profond du monde, après le COTAHUASI (tous deux dans le Département
d’AREQUIPA). Sa profondeur atteint 3 180 mètres !
Nous irons jusqu’à Cruz DEL CONDOR, pour voir les condors qui quittant ou
rentrant à leurs nids. Avec leurs 4m d’envergure, ces vautours des Andes
sont des rapaces impressionnants.
A 3 km de CHIVAY, les sources d’eau chaude de « La Calera » ont été
aménagées pour la baignade.
Nous quittons
CHIVAY, par la même route pour rejoindre l’axe qui joint AREQUIPA à la
Vallée de COLCA et traverse la « Pampa CANAHUA », une réserve naturelle qui
protège le plus précieux des camélidés sud-américains, la Vigogne (VICUGNA
ou VICUGNA), dont la laine est la plus fine et la plus cotée du marché
international.
Nous perdrons rapidement de l’altitude jusqu’à AREQUIPA. 2325 m.
Déjeuner dans une "PICANTERIA" où nous pourrons goûter des plats locaux
typiques ! Non inclus dans le prix.
Puis l´après midi, tour de la cité blanche " CUIDAD BLANCA ", dominée par 2
volcans qui culminent à plus de 5000 m, et visite du couvent de SANTA
CATALINA, un des plus beaux du Pérou, dédale de couloirs, de ruelles, de
cellules et de salles communes.
Nuit à l´hôtel et petit déjeuner inclus.
Jour 08 Mardi 07
août. Vol pour LIMA (~1050 km) - transfert en bus privé pour CHIQUIAN.+- 8h
D’abord, sur la côte, nous traverserons des « oasis » au milieu du désert
côtier, comme
HUACO, avec son marché nocturne que nous verrons peut-être…
Puis nous escaladerons les flancs de la cordillère, avant de plonger sur
CHIQUIAN qu’on atteindra par une petite route poussiéreuse, aux lacets
serrés : si vous ne dormez pas, cette descente sous la clarté lunaire vous
laissera un souvenir impérissable.
Arrivée vers minuit à CHIQUIAN. Nuit à l´hôtel et petit déjeuner inclus.
Jour 09 :
Mercredi 08 août CHIQUIAN – PACLLON (2900 m).
Début du trek, pension complète.
L'itinéraire de trek a été établi de façon à éviter la portion CHIQUIAN –
LLAMAC qui est maintenant une piste poussiéreuse ouverte à la circulation.
Transfert vers le petit village de PACLLON où commencera le trek. 2 h de
route calamiteuse, aventureuse, où les conducteurs répugnent à
s’aventurer en
fin de journée. Nuits sous tente.
Jour 10 : Jeudi
09 août. PACLLON - LAGUNA JARHUACOCHA (4066 m) (+-6 h. De marche).
Le chemin monte le long du Rio ACHIN. A mi-chemin de l'étape on aura déjà
une vue panoramique sur de nombreux sommets : le RONDOY (5870 m), le
JIRISHANKA (6094 m) et le YERUPAJA (6634 m, le second sommet du Pérou). Nous
traversons des pâturages où sont installés pour les 6 mois de saison sèche,
troupeaux et éleveurs : parcs entourés de murets de pierres sèches,
chaumières couvertes d’ICHU. Nous marchons sur des pentes herbeuses, avec
quelques rares buissons, jusqu'au lac JARHUACOCHA que surplombent les cimes
enneigées de la Cordillère.
Jour 11 :
Vendredi 10 août. JARHUACOCHA –SAMBRUNYA PASS ( 4750 m) - MATACANCHA (4100
m) (+- 6 h. de marche).
L'itinéraire suit la rive nord du lac en direction de l'est et passe le long
de la LAGUNA SOLTERCOCHA. On se dirige ensuite au nord, vers le col de
SAMBUNYA. Au fur et à mesure qu'on progresse en altitude le spectacle des
nombreux pics et glaciers, qui dominent les eaux turquoise du lac, devient
féerique. La descente passe par la QUEBRADA RONDOY jusqu'à la vallée de
CUNCUSH que l'on remonte pour arriver au hameau de MATACANCHA.
Jour 12 : Samedi
11 août. MATACANCHA - CACANAN PASS (4750 m) - Lac MITUCOCHA (4250 m) (+- 5
h. De marche).
Un chemin en lacets mène au col CACANAN. Au-delà, nous descendons dans une
large vallée sur le versant Est de la Cordillère HUAYHUASH et nous suivons
le Rio JANCA jusqu'au campement, à la LAGUNA MITUCOCHA. Moment d'émotion
devant l'intense beauté des 2 sommets du JIRISHANCA (6094 m) qui se
reflètent dans les eaux tranquilles du lac.
Jour 13 :
Dimanche 12 août. LAGUNA MITUCOCHA - Lac CARHUACOCHA (4138 m) (+-5h. de
marche).
Nous suivons une étroite vallée jusqu'au col CARHUAC (4650) et puis
descendons ensuite jusqu'à la LAGUNA CARHUACOCHA. C'est un site magnifique
où l'on jouit d'un panorama incomparable sur une impressionnante succession
de sommets enneigés: le YERUPAYA (6634 m) et le YERUPAYA CHICO (6127 m), le
JIRISHANKA (6094 m) et le JIRISHANKA CHICO (5446 m), et le SIULA Grande
(6344 m).
Jour 14 : Lundi
13 août. LAGUNA CARHUACOCHA - CARMICERO PASS (4600 m) - HUAYHUASH (4350 m)
(+-5 h. de marche) .
Un ancien chemin Inca mène au col. La descente sur le versant opposé passe
entre les 2 lacs de ATOCSHAIKO (4500 m), avant de nous mener à HUAYHUASH.
Belles perspectives sur le CARMICERO (5960 m), le JURAU (5600 m) et le
TRAPECIO (5644 m).
Jour 15 : Mardi 14 août. HUAYHUASH - PORTACHUELO (4750 m) - Lac VICONGA
(4575 m) (+- 5 h. De marche).
Le chemin remonte la vallée, passant par plusieurs lacs avant d'atteindre le
col. Beau panorama sur la Cordillère RAURA, une chaîne qui culmine à 5806 m.
Après une descente facile on arrive à la LAGUNA VICONGA où on aura
l'occasion d'apercevoir des troupeaux d'alpagas, mais aussi et surtout de
nous baigner dans l’eau très chaude d’une source volcanique, un vrai délice.
Jour 16 : Mercredi 15 août.VICONGA – CUYOC PASS (5050m) - QUEBRADA
HUANACPATAY (4400 m) (+- 6h de marche) .
Nous franchirons le col CUYOC PASS (5050m.). C'est le point le plus haut de
notre périple. On passe à quelques mètres des glaciers du CUYOC et du
PUMARINI et on profite de belles vues sur les faces Ouest du CARMICERO, du
JURAU et du TRAPECIO. Un chemin en forte pente mène à une « Pampa » et, plus
bas, à une étroite vallée, la QUEBRADA HUANACPATEY, où nous campons.
Jour 17 : Jeudi
16 août. HUANACPATEY - HUAYLLAPA (3600 m) (+- 4 h. De marche) .
La descente se poursuit et on passe près d'une jolie cascade (300 m en
chutes succesives) avant d'entrer dans la large vallée de HUAYLAPPA que l'on
suit jusqu'au gros village paysan du même nom.
Jour 18 : Vendredi 17 août. HUAYLLAPA - TAPUSH PASS (4800 m) - GASHGAPAMPA
(4600 m) (+- 5h30 de marche).
Après une rude montée à travers une gorge la pente s'adoucit et on arrive au
col de TAPUSH, dominé par le DIABLO MUDO (5223 m). Dans la descente, le
chemin passe par la LAGUNA SUSUCOCHA avant d'arriver à GASHGAPAMPA.
Jour 19 : Samedi 18 août GASHGAPAMPA - PACLLON (3350 m) – CHIQUIAN (3350 m).
La descente est facile jusqu'au Rio ACHIN. On arrive sur le chemin qu'on a
emprunté en début de trek. Le tour intégral de la Cordillère HUAYHUASH est
bouclé. On suit le Rio ACHIN jusqu'à PACLLON où notre transport nous attend
pour nous amener vers CHIQUIAN. Nuit à l´hôtel (le même qu’au départ du
trek) et petit déjeuner inclus.
Jour 20 :
Dimanche 19 août. CHIQUIAN – LIMA..
Départ de CHIQUIAN en bus de ligne et retour sur LIMA (+- 08 heures). Repas
en route. Transfert à l´hôtel. Nuit à l'hôtel (le même qu'à l'arrivée) et
petit déjeuner inclus.
Jours 21-22 :
Lundi 20 août, mercredi 23. LIMA -> THIERS.
Lundi, journée libre pour derniers achats, visites libres de musées (non
incluses), etc. En fin d’après-midi, transfert pour l’aéroport et vol de
retour sur la France. Escale à Madrid (une nuit en hôtel de luxe, offerte
par IBERIA, suite à la correspondance LYON manquée), arrivée à THIERS le
mercredi 23 août au matin.
Lac
Titicaca, 3882 m, au point du jour.
Un étroit chenal ouvre les roseaux, où notre petit
bateau se faufile lentement, en toussotant. L’air est vif et pique aux
joues. Les oiseaux aquatiques et les roseaux, dodelinent dans le sillage. Le
cœur est assoupi, quand soudain, il bondit : une agora d’eau libre,
ceinturée d’or et bleu, un royaume magique, où le temps se noie ; semble
émerger des profondeurs du lac ! Chacun retient son souffle...pour ne pas
troubler le fragile instant. Mais déjà, sur son erre, notre bateau paisible
et silencieux accoste aux îles flottantes. Les indiens HUROS ; sourire aux
lèvres ; nous accueillent, bras tendus, comme une arche pacifique. L’as-tu
ressenti comme moi, compagnon de voyage, cet instant où la paume blanche et
l’autre rouge, se donnent l’une à l’autre ? Était-ce cette ivresse là qui me
fit le pas incertain sur le lit de roseaux hachés ? De belles huttes en
roseau y sont posées, qu’on déplace et qu’on repose, quand ce lit doit être
rehaussé, renouvelé. Tout au long de la rive fragile, les embarcations
végétales tanguent doucement au clapot. Toutes ; de la plus simple, pour la
pêche, à la plus grande, aux allures de gondole royale ; ont mis le roseau
en majesté. L’INUIT et la glace, Le HUROS et le roseau : osmoses inouïes
entre l’homme et la nature. Mais la culture, le mode de vie des HUROS, loin
de se déliter au choc de la modernité, s’affirment, s’exposent et se
troquent ; avec talent, gentillesse. Ce peuple étonnant se fait ainsi
tisserand, tramant sa propre biographie en graphismes naïfs et purs aux
couleurs qui enchantent. Longue vie à toi, peuple HUROS !
Laguna CARHUACOCHA, 4150 m, 5h30.
J’émerge de ma tente. Le
bivouac a été installé sur l’ancienne moraine du glacier accroché aux flancs
du YERUPAYA GRANDE (6634 m) et du YERUPAYA CHICO (6127 m). Elle enserre
aintenant la belle lagune. Un homme et son fils y relèvent un long filet.
Par les drailles des troupeaux, je descends les rejoindre. « Buenos dias,
seniores ! Que tal esta ? » « Muy bien, gracias. » Une douzaine de truites
arc en ciel, tressautent dans l’herbe. Le ciel est limpide, le souffle
condense, les mains rougissent. Je partage un mélange de raisins secs et
cacahuètes. L’homme m’invite à l’accompagner à sa chaumière, pour une rasade
de CHICHA. Tandis que nous cheminons, le soleil a posé sur les cimes
enneigées, un voile orangé qui glisse peu à peu, jusqu’au pied du glacier
puis sur la lagune qu’il réchauffe. Quelques limbes de nuit s’en élèvent.
Nous approchons de la bâtisse : quatre murs de pierres sèches, une ouverture
étroite, basse, fermée d’une vague porte de bois. La couverture est d’un
chaume épais, fait de cette herbe ligneuse qu’on trouve ici, l’ICHU. Un
QUINQUINA y est accolé, qui frémit à la brise matinale. Un enclos de
pierres, où était le troupeau de moutons qui s’éloigne déjà, poussé vers la
PUNA. La bergère porte chapeau de feutre et lourds vêtements de laine,
bariolés. Sur son dos, un WAWA (bébé en QUESHA), dort bien au chaud dans une
couverture de laine nouée aux épaules. Elle emporte de la laine à filer.
Nous entrons. Peu à peu, l’œil perce les ténèbres : au sol un sac, comme une
corne d’abondances, déverse des OKAS, tubercules tourmentés, oblongs, de
couleur orangée à rouge, au léger goût sucré d’artichaut. Des fromages
sèchent sur des claies. Le harnachement du cheval est pendu à une cheville
de bois. Telle est la résidence de la famille RUBENS, pendant les 6 mois de
la saison sèche. Sur le seuil, nous partagerons la CHICHA, boisson
ancestrale, à base de maïs. Il en est de toutes sortes et couleurs, presque
autant que de maïs ! Celle-ci est rustique, couleur lait fraise. Mais
auparavant, nous en enverrons une giclée au sol, offrande à la PACHA MAMA
(Terre Mère). « Gracias, amigo. Hasta luego ! »
Tremblement de terre à Huanacpatey, 4400m, 18h30.
18h. En dernier, INTI, le
dieu soleil, a enflammé les cimes enneigées, puis la nuit est venue tandis
que la température chutait très vite. Chacun, attendant la « CENA » (dîner),
s’est réfugié dans sa tente igloo. Au chaud dans mon duvet, paupières
closes, je déroule le kaléidoscope du jour : Aux premières lueurs, petit
déjeuner frisquet, pliage des tentes, rassemblement des « BUROS » (ânes)
égayés dans la « PUNA » pour y brouter les touffes jaunies et rêches de
l’ICHU. Un dernier regard à la puissante cataracte par où la lagune VICONGA
déverse ses eaux qui cavalcadent ensuite par la large QUEBRADA glaciaire, y
côtoyant la source d’eau chaude où nous sommes baignés la veille. Et puis,
sans tarder, le groupe s’échelonne, au rythme lent des montagnards, vers le
plus haut col du trek, le PASSO CUHOC, 5050 m. Après les derniers lacets
impatients, enfin le col, où vient mourir le glacier CUHOC. Un panorama
splendide sous un ciel pur où le soleil court vers son apogée. Déjà, il faut
dévaler l’autre versant : premières gamelles » en série, tant la pente est
abrupte et le sol roulant. Mais CARAMELO, notre cheval ambulance, n’aura pas
encore de client ! Pique-nique sous le pierrier où chante une source, salade
de riz aux légumes et au thon que nous a préparée notre cuisinière LUZ.
Arrivée au bivouac, sur la rive d’un rio dont le cours est contrarié par
d’énormes blocs de roche qui se sont arrachés des sommets, on dévalé la
pente pour s’immobiliser au beau milieu de la QUEBRADA.
18h30. Une voix déchire le
silence : Le sol bouge ! En quelques secondes, le groupe est debout sous un
ciel noir où se lisent les étoiles et les constellations. Sous nos pieds, la
masse colossale de la cordillère se déhanche comme le plancher d’une légère
calèche. Stupéfiant ! L’angoisse
vole de l’un à l’autre et s’amplifie, dans
l’obscurité : et si de nouveaux rochers allaient se détacher des flancs de
la montagne et dévaster le bivouac ! J’appelle au calme, au silence et à
l’écoute... Deux longues minutes. Fin du séisme, mais lent retour au calme
dans les poitrines. Ce n’est que le lendemain soir, au village de HUAYLLAPA,
3600 m, que nous saurons l’ampleur du drame d’ICA, à 500 km au sud de notre
position. 4ème cataclysme depuis 1970 ! Pauvre Pérou, si courageux, si
souriant, si patient.
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